Au mois de Juin 1923, un monument est dressé sur la place de Veyreau, entre le calvaire et l’église, mais c’est le 30 Septembre 1923, il y a tout juste 90 ans, que le village se réunissait sur la place pour en fêter l’inauguration.
Le Monument aux Morts s’élève depuis, face aux siècles à venir et contre l’oubli, à la mémoire de ses enfants tombés quelques années plus tôt sur le champ de la grande guerre. 42 noms gravés pour l’éternité, au cœur de ce qui fût leur village et pour leur rendre hommage, leurs parents, amis, frères et sœurs, ensemble ce jour là, pour une journée bien particulière, entre festivité recueil et émotion.
Il n’y a probablement pas de commune en France qui compte un si glorieux nombre de morts, proportionné au chiffre des habitants.
« 42 enfants de Veyreau, tombés au champ d’honneur, sur une population de moins de 400 âmes ! Il n’y a probablement pas de commune en France qui compte un si glorieux nombre de morts, proportionné au chiffre des habitants. C’est que les familles y sont nombreuses, les enfants robustes, les soldats vaillants et surtout pas d’embusqués parmi ses terriens, ces ruraux laborieux et solides »
Cette constatation, toute à la gloire de notre vieux Causse Noir, a été mise en relief par les 5 orateurs de cette journée, dans leurs discours d’une éloquence émue, simple, mais très prenante. Parmi eux, le Professeur Teissier de Saint Gabriel, enfant du village, Monsieur Agrinier de Pellalergues, le curé de la paroisse l’Abbé Espinasse, croix de guerre, ainsi que le Docteur Molinié, député de Millau et Monsieur Amédée Vidal, sénateur de l’Aveyron.
La bénédiction du monument surmonté d’une croix a été faite par Monsieur le chanoine Julien, curé de Saint François de Millau, assisté de Monsieur le curé de Saint André de Vézine. Une messe fut prononcée en l’Eglise de Veyreau où des orateurs, depuis la chaire, ont pu s’exprimer notamment pour féliciter l’ensemble de la paroisse, qui pendant huit jours avaient contribué à l’organisation de cette fête.
Le village fût embelli par cette main d’œuvre dévouée, et de beaux chants furent donnés à l’église et au pied du monument.
Les hommes avaient coupé des pins en forêts, pour les replanter dans le village sur un parcours de près de 150 mètres. Les Femmes et les jeunes filles avaient de leur côté, tressé des milliers de mètres de guirlandes. Le village tout entier fût embelli par cette main d’œuvre dévouée, et de beaux chants de circonstance furent donnés par de puissantes voix qui s’élevaient à l’église et au pied du monument.
Un grand banquet servi par les deux hôtels de la localité, dans la maison « Sauveplane Espinasse » avait été organisé par Monsieur l’adjoint Lapeyre Marcel, qui en a fait l’honneur avec une distinction parfaite. A lui, au reste, avait incombé toute la journée l’honorable fonction de présider la fête. Il s’en est très bien acquitté en l’absence de Monsieur Bion, le Maire de la commune, empêché au dernier moment d’assister à cette splendide fête de nos grands morts.
Le Monument aux Morts continue aujourd’hui d’honorer la mémoire des 42 jeunes Veyralains recensés sur cette page, que cette guerre sanglante a emportés prématurément.
Par Loïc Marlas.
Extraits et sources : Messager de Millau, 6 Octobre 1923 / Histoire de la paroisse de Saint Jean de Balmes, 2eme partie, par Marc Parguel